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 Les Mutations du secteur de la Microfinance en Afrique Centrale

 

By Docteur DJOUFOUET Faustin, Financier

 

 

 

L’Afrique subsaharienne en général et la sous-région Afrique centrale en particulier  a connu une évolution spectaculaire de la microfinance depuis les années 90.  Selon la Commission Bancaire de l’Afrique centrale (désormais COBAC),  on recense plus de 840 établissements de microfinance en 2017 pour un taux de croissance de 6% par rapport à l’année 2016. Cependant, les rapports d’activités de cette commission montrent que le  Cameroun  occupe la première place avec plus 53% des dépôts à vue et 69% des crédits octroyés à la clientèle et plus de 3,03 millions de comptes créés dans les établissements de microfinance (désormais EMF).  La deuxième place de classement est occupée par le Congo qui détient 39% des dépôts à vue et 22% des crédits octroyés à la clientèle. Avec l’avènement des nouvelles technologies à travers le Mobile Banking, la microfinance contribuerait davantage et significativement à l’inclusion financière des populations en leur offrant des services de proximité (transfert des fonds, paiement des frais de scolarité, règlement de leurs factures, apprentissage  des langues, les abonnements aux services de télévision, etc.).  

 

Apparue pour la première fois en 2011 en Afrique centrale, les transactions via les smartphones ont considérablement améliorés le quotidien financier des populations et particulièrement celles des zones rurales. Selon la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), les paiements en monnaie électronique ont dépassé le cap de 162 milliards de Fcfa en 2017, contre 121 milliards en 2016, dont 93% via les Smartphones. Elle mentionne également que le nombre de porteurs de monnaie électronique a grandement évolué, passant de 12,6 millions d'inscrits à la fin de 2016, à 15,1 millions en septembre 2017. Au Cameroun, il a atteint un taux de 34,46%  de la population nationale en 2017, soit une nette progression de 110,24% par rapport à l’année 2016.  Cependant, l’arrivée de ces opérateurs s’est faite ressentie à travers les licenciements des employés et les fermetures en cascade de certains établissements de microfinances spécialisées dans le transfert des fonds. 

 

Pour encadrer la croissance de ce secteur, les pays de la sous-région à titre préventif s’étaient dotés d’un cadre spécifique de la microfinance dès les années 1990 à travers des lois nationales et sous régionales (règlement COBAC) qui vont réglementer la pratique et le fonctionnement de cette activité. Face à la croissance exponentielle du nombre d’établissements de microfinance, le règlement COBAC de 2002 fixant les normes prudentielles des EMF va définir leurs modes de fonctionnement et leur capital minimum afin de sécuriser l’épargne des déposants et favoriser le financement des microprojets. Au fil des années, on va assister malgré ces mesures disciplinaires à de nombreux retraits d’agréments, des liquidations et des mises sous administrations provisoires de certains EMF. Face à ces désagréments, la COBAC a édicté en 2017 de nouveaux règlements plus rigoureux et contraignants portant plafonnement du montant de crédit accordé  par les EMF et  fixant les conditions et modalités d’agréments  de ces derniers, de leurs dirigeants et de leurs commissaires aux comptes. Pour réduire la concurrence dans le secteur et accroître les parts de marchés des EMF déjà existants, la COBAC a édicté de nouvelles normes relatives à la  gouvernance des EMF. Ainsi, la règlementation COBAC numéro EMF R-2017/03 modifie le capital minimum des EMF et le fixe à un minimum de 300 millions pour ceux de la première catégorie et 150 millions pour ceux de la troisième catégorie. Par ailleurs, la règlementation COBAC EMF R-2017/02 fixe le nombre minimum de sociétaires dans les EMF de première catégorie à 100  et précise qu’aucun membre ne doit détenir directement ou par personne interposée plus de 20% du capital social. Cette disposition vise à limiter la concentration du pouvoir qui est l’une des causes majeures des faillites des EMF au Cameroun.

 

Docteur DJOUFOUET Faustin, Financier chercheur

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